Mais l’inédit ne frappe pas toujours à la porte sous couvert d’étrangeté, il arbore parfois le visage de la logique, une logique qu'on aurait pas vu venir et qui pourtant s'impose, je veux parler des premiers pas de ma frangine Sylvia sur le chemin de la dé-raison, autrement dit l'art de faire du vin sans (faux)-filets. Tête de lard, juste assez pour bien faire, je dois dire qu'elle s'en est très bien tirée malgré un millésime de haute voltige...
CLIMATOLOGIE: Tout commence par un hiver humido-doucereux dans la courbe lignée des deux années précédentes, scénario angoissant s'il en est pour le vigneronnet puisqu'il conjugue le risque de gel (débourrement précoce) à la prolifération des maladies, mildiou en tête, soit un Denys l'Ancien surboosté avec une épée dans chaque main...un vrai carnage en germes!
Fort heureusement de gel nous n'aurons point, quant aux maladies, elles eurent la bonne idée de ne s'inviter que tardivement, ne corrompant pas les volumes qui reprennent (en blanc du moins) du poil de la bête. Le millésime aurait même pu être exceptionnel ( comme on le dit à l'envie en terre bordel-aise) si un mois d’Août noachique ne s’était abattu sur l'Ouest ligérien. Ayant effectué mon dernier traitement à la mi-juillet, j'ai fort logiquement était particulièrement châtié par messire Mildiou mais la cigale ayant voyagé tout l’été ne s'en trouva pas pour autant dépourvue, sauvée qu'elle fut par Dame Nature et son mois de Septembre aux petits oignons. On l'aura compris, de telles conditions ne furent pas du tout propices au botrytis mais, la nature ayant horreur du vide, un nouvel empêcheur de vendanger sans tri s'invita à table: drosophila suzukii, mouche à vinaig' de son état particulièrement vicieuse, (mais pouvez t'on attendre autre chose d'un transfuge d’extrême-orientie?) engendrant des pertes conséquentes sur grolleaux et sauvignons.
Plus que jamais j'en appelle donc à un hiver rude pour assainir toute cette vermine! ( appel aux accents volontairement crypto-fascistes ayant pour but de faire fuir les derniers bobos présents dans ma clientèle)
ÉQUILIBRES: Toujours plus légers en alcool, le pompon revenant au chardo, mais bien "goutés" (comme on dit en Anjou), tel est l’étonnante équation du millésime. Si vous avez aimé 12 et 13, alors 2014 est pour vous, par contre pour les amateurs d’équilibres sudistes...
Un certain risque de volatile rédhibitoire sur le Bois du Gland risque de m'obliger à ne pas commercialiser ledit breuvage tout de suite...que les amateurs grivois du bestiau me pardonnent!
LES BLANCS
-SCHISTES: Retour d'une (relative) abondance et donc retour d'un schistes 100% pur sauvignon, en espérant qu'il ne parte pas en vrille façon 2013! Pas mal de tri because of the drosophiles. Ramassé à 11,3°. 20hl/ha.-Les GAINS de MALIGNÉ :La parcelle "Père&Fils" de ch'nin, vinifiée cette année entièrement en sec. Degré identique au sauvignon, rendement en deçà...14hl/ha.
-FRANC de PIED: Roulement de tambour et bombage de torse façon soldat Fafa...le garenne n'est pas peu fier d'annoncer sa première barrique et même plus (260 litres) de chardonnay non greffés (plantés en 2006). En partie grâce à l’abnégation du vigneronnet et en partie grâce à la nouvelle taille imaginée sous son casque à plumes: en gros une taille à baguette sans palissage: taille "en ponts", qu'il appelle ça le gars! Cépage particulièrement sensible aux maladies, plus une seule feuille et un chapelet de grappettes dorées en guise de vendange, résultat....8° au mustimètre...oui 8! Et le pire, c'est qu'il en est fier! 13hl/ha.
-VIGNES CENTENAIRES: Après 3 années de gel, les vieux chenins du Lys se font "pardonnés" en affichant un incroyable 30hl/ha.Il faut dire qu'en outre j'ai là aussi changé la taille, ou plutôt repris celle effectuée auparavant par feu Bernard, l'ancien m'ayant confié cette parcelle en 2007. Dans l'temps, z'appelaient ça la taille à verge...avec de la malice dans l’œil. 10° et presque autant d’acidité! Opulence oblige, une feuillette de sec + une barrique d'oxydatif mise aux oubli-ettes, comme en 2013 (qui évolue fort bien)..son petit nom: Voile Acté.
LES ROUGES
-PACHAMAMA: Honneur et galanterie de mise pour la présentation en avant-première intergalactique de la c(o)uvée frère et sœur de la maisonnette Le Moing. Assemblage de 4 cépages sur des graves du secteur du Ponge cultivés en bio depuis 1998. 40% grolleau gris/40% cabernet sauvignon pimentés de gamay et grolleau noir. Sylvia, une disciple disciplinée, libre et roots à la fois comme en témoigne le nom de la cuvée, hommage à la Terre Mère des peuples andins. 11,5° et un beau 22hl/ha.
-LE PONGE: Une vendange hétéroclite de vieux gamays pimentés de 20% de grolleau. 11,2° au compteur pour un petit 12hl/ha.
-GROLLE NOIRE: Les plus grosses pertes (merci les "droso"!), malgré tout rendement "correct" (16hl/ha), grolleau oblige! Vendangé à 10,8°:
-Le BOIS du GLAND: Une bien belle vendange cette année (60% cabernet sauvignon/ 40% franc) mais un développement inexpliqué d’acescence s’étant développée au niveau du chapeau m'a conduit à retirer ce dernier avant décuvage ( et donc pas mal de pertes en volumes), évolution à suivre de près en barrique.
-VIGNES CENTENAIRES: Les vieux cabernets francs du Ponge proposent la plus belle vendange de ce millésime en rouge, lui qui souffre facilement de stress hydrique estival n'a point eu à s'plaind' cette année! Un 12,2° quasi sudiste dans le contexte du millésime. 14hl/ha, ce qui n'est "pas tout mal"...
Quelques clichés du millésime :
Désolé, citadins en mal de cambrousse... pas de cheval à vous proposer. |
Le carrée de sauvignon schisteux |
Le mustimètre qui plonge, qui plonge...le père en croit pas ses yeux! |
Saloperie de mouche à vinaig'! |
Pas gêné par le feuillage cette année... |
Gamay pigé au pied de japonaise....avis aux fétichistes! |
Petits rendements, petits degrés, petite cuve...petites "pigeuses" , faut être logique! |
Une qui a tout pigé...Pacha Sylvia! |
Pacha Mama from Anjou |
La "Le Moing factory" en action |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire